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ecroquevillée dans cette cage trop petite pour elle -et pour tout enfant plus âgé que cinq ans- Wendy tentait de mettre de côté l'inconfort de cette  position. Fort heureusement -ou pas- la douleur physique était éclipsée par celle du cœur, au point que son dos douloureux et ses crampes aux membres trop longtemps immobiles paraissaient presque dérisoires. Cela faisait longtemps qu'elle avait terminé de compter les barreaux, et même les centaines et centaines de feuilles qui constituaient l'épais feuillage au-dessus d'elle qui la séparait du ciel.... Cela faisait même longtemps qu'elle avait cessé de traquer les bruits alentours, à l'écoute d'un son suspect, d'un mouvement, d'une présence, d'une voix.... Mais depuis qu'elle avait été enfermée là, personne n'était venue la voir. Elle avait espéré une visite, de Peter bien sur, mais rien.... Elle était seule, seule au monde avec ses regrets, ses pleurs taris et sa frayeur.... Elle ne supportait pas l'enfermement. Cela la gardait éveillée, l'empêchait de trouver l'apaisant sommeil. Cela la faisait paniquer parfois, lorsque trop de souvenirs de cette horrible période avec Cocher et les autres londoniens revenaient en force... Et pourtant, elle en venait à se dire que sa situation là-bas n'était pas pire qu'ici. Parce que là-bas, même si elle était maltraitée, elle n'était pas seule. Or, maintenant elle l'était, seule. Et elle craignait que cette solitude forcée lui fasse perdre la tête, la fasse se perdre comme Peter lui avait avoué que cela l'avait fait pour lui.... Elle avait peur d'oublier, d'oublier tout le monde, Michael, John, sa mère, son père, son irritable voisine, Edwin.... Déjà les visages de ses parents semblaient s'estomper, alors chaque jour -bien qu'elle ait totalement perdu le compte des jours et des nuits ou du temps passé ici- elle répétait comme une litanie les noms de ceux qu'elle aimait.....

« Mary Darling, maman. Gorges Darling, banquier, papa. Michael Darling, six ans. John Darling, huit ans. Mes petits-frères adorés..... » dit-elle d'une voix basse, à elle-même. Ils lui manquaient tellement, tellement....  

Mais parler ne suffisait pas, alors Wendy, elle imaginait. Elle avait toujours eu une immense imagination, c'était certainement ce qui avait attiré l'ombre jusqu'à chez elle. Cela et son don pour rendre une histoire plus vivante que la réelle lorsqu'elle contait.... Alors elle imaginait dans son esprit embrumé par la peur ses retrouvailles avec sa famille, les rires, les pleurs, les joies, les étreintes à n'en plus finir, son lit douillet.... Mais parfois elle perdait le contrôle de ses propres rêveries et se rajoutait un nouveau personnage, Peter. Il ouvrait sa cage, et la laissait sortir, et alors elle riait et courait sur l'herbe pour se sentir libre et vivante.... Et il courait avec elle et ils riaient comme dans le temps ou elle le prenait pour le gentil de l'histoire et capitaine Hook le méchant et alors....

Le flot des pensées de Wendy s'interrompit lorsqu'un craquement curieux retentit. Elle releva le visage, sûre d'avoir entendit une brindille craquer comme sous le poids de quelqu'un.... Wendy s'approcha doucement, craintivement des bords de sa cage, enroulant ses petits doigts autour des barreaux. Elle essayait de scruter les ombres de la forêt, mais ne voyait rien...

« Peter?! Qui.... Qui est là?! » demanda-t-elle d'une petite voix. Est-ce qu'elle devenait vraiment folle au point d'entendre des voix inexistantes? Etais-ce Peter qui se jouait d'elle ou... quelqu'un d'autre? Si c'était le cas, elle avait un peu peur à vrai dire, parce qu'exceptionnellement sa cage était posée sur le sol de la forêt et non pas suspendue dans les airs. Pourquoi? Elle n'en avait pas la moindre idée, elle ne comprenait plus rien aux jeux pervers des garçons perdus. A cette pensée le visage de Wendy parut encore plus peiné alors qu'elle repensait à l'horrible mort de Tootles et à tous les autres garçons qui ne voulaient pas s'approcher d'elle. A part Peter, bien sur. Mais Peter, c'était différent.

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